lundi 24 décembre 2007

La lune cette nuit

La lune est, cette nuit, tel un quartier d’orange
Et le monde assoupi ne sait pas que demain
Tu la décrocheras pour l’offrir à un ange
Et la déposeras dans le creux de ses mains ;

Et tout en dégrafant lentement sa guêpière,
Dans ce monde insolent où tout est déraison,
Dans le jardin des cieux moissonnant la lumière,
Dans l’ombre déchirée, avec un soin profond,

Tu le dévêtiras d’un geste religieux,
Tout en déshabillant sa robe de satin
Et le doux rossignol, de son chant mélodieux,
Lui dira que l’amour est au bout du chemin.

Alors, dans un sanglot, unique et singulière,
Et tout en regrettant ses rêves familiers,
Sous le regard moqueur de l’aube coutumière,
La lune s’en ira sur la pointe des pieds.

Je me suis accoudée

JE ME SUIS ACCOUDEE

Je me suis accoudée à la fenêtre ouverte,
L’oiseau s’est envolé du toit de ma maison,
Je ne l’entendrai plus et la plage est déserte :
Qui me reprisera le bleu de l’horizon ?

Les pas lourds des chevaux piétinent, dans les vagues,
L’écume du matin et les limons amers,
Et je porte, en mon cœur, leur souffle qui me drague :
Qui me rendra l’amour ? Qui me rendra la mer ?

Penchée sur mes regrets, sur toutes mes fêlures,
J’ai maquillé mon front d’un masque de douleur,
C’est la fin de l’Eté, l’Automne me rassure
En marchant devant moi comme un vieux baroudeur.

Il fait froid maintenant. Jonché de feuilles mortes,
Le piano qui s’est tu a perdu la raison,
Le bonheur s’est enfui glissant dessous ma porte
Emportant, avec lui, la clé du diapason.

La pluie, de ses sanglots, inonde mon visage,
J’aimerais m’envoler laissant là mes tourments,
Dans le baiser du vent qui tournera la page,
Je pourrai t’oublier jusqu’à la fin des temps.

jeudi 20 décembre 2007

Maman Jolie

MAMAN JOLIE

Les roses savent bien pourquoi
Je les embrasse à mon passage :
C’est pour que ma maman à moi
Ait ma tendresse à son corsage.

Sur chaque fleur que j’ai cueillie,
Ma bouche, un instant, s’est posée,
Ainsi, pour ma maman jolie,
J’ai fait un bouquet de baisers.

Tous les oiseaux savent pourquoi
J’ai volé leurs chants mélodieux :
Pour, qu’en son cœur, vienne la joie
Et de bonheur brillent ses yeux.

Au rossignol, à la mésange,
J’ai dérobé le « si », le « la »
Et composé ce doux mélange
Pour qu’elle danse à chaque pas.

Dans le foyer, chante le vent,
Les bûches flambent sous la braise,
J’y ai jeté ces quelques fraises
Pour embaumer ses cheveux blancs.

Tout au fond d’une vieille malle,
J’ai retrouvé, dans un trousseau,
Une émeraude et une opale :
J’en ai décoré son chapeau,

Et c’est ainsi que nous allons
De bon matin nous promener.
Maman jolie que tu sens bon
De roses rouges parfumée !